Le 17 février 2024, un violent incendie a ravagé l’entrepôt Sopave à Viviez, contenant des batteries, provoquant un immense nuage de fumée noire et d’importantes retombées de matières toxiques. Face à cette catastrophe, le Collectif des riverains et l’ADEBA dénoncent l’impréparation des autorités et alertent sur les conséquences sanitaires et environnementales à long terme.
Un événement prévisible ?
Selon les signataires du communiqué, cette catastrophe aurait pu être évitée. « Malgré des signes annonciateurs, notamment une gestion pour le moins peu rigoureuse de l’entreprise, sanctionnée les mois précédents par des avertissements de la DREAL et par des mises en demeure de la Préfecture, l’incendie a éclaté avec une ampleur dramatique ».
Dès le début du sinistre, les riverains ont été plongés dans un véritable cauchemar : « l’énorme panache de fumées noires », « les retombées de matériaux parfois incandescents », « les craquements et explosions du bâtiment en feu », « les odeurs acres perçues jusque dans le Lot »… Trois jours après, « les fumées étaient toujours irrespirables ».
Une gestion de crise critiquée
Le Collectif et l’ADEBA pointent du doigt la gestion de crise des autorités. « Face à l’absence effective d’alerte et à l’impréparation des mesures prises par la préfecture et la mairie de Viviez, la colère a gagné les riverains ». Une manifestation s’est tenue le 22 février 2024 devant la mairie de Viviez, lors de la visite du préfet. « Les riverains n’ont absolument pas été convaincus par ses explications et restent très en colère ».

Des conséquences sanitaires et environnementales alarmantes
Les premières conséquences physiques sur la population se seraient manifestées rapidement : « toux, irritations, difficultés respiratoires, forts maux de tête ». Mais au-delà des effets immédiats, les riverains s’inquiètent des répercussions à long terme.
Deux rapports intermédiaires d’ATMO Occitanie montrent « un impact important » de l’incendie, avec des concentrations de lithium, cobalt et manganèse « 30 à 100 fois plus élevées qu’avant l’incendie » et présentes jusqu’à Montbazens, à plus de 10 km. Le cadmium, « un toxique cumulatif », a également été retrouvé en quantité importante.
« Aucune étude n’existe sur l’interactivité de tous ces polluants toxiques entre eux (effet cocktail). Pourtant, les risques peuvent être décuplés », alertent les signataires.
Une crise sociale et économique en perspective ?
Outre les conséquences sanitaires, les répercussions sociales et économiques inquiètent : « Notre territoire a montré une image peu accueillante et même dangereuse. La poursuite de la baisse démographique va probablement s’accentuer, fragilisant encore plus les prix de l’immobilier, les services publics, le commerce, l’artisanat et le tourisme ».

Actions en justice
Face à l’ampleur du sinistre, des démarches judiciaires ont été entreprises. France Nature Environnement Occitanie Pyrénées et l’ADEBA ont déposé des plaintes simples contre la SAS Sopave et la SAS SNAM Groupe. De son côté, le Collectif des riverains a déposé une plainte contre X au Tribunal judiciaire de Rodez.
Un avenir incertain
Pour les riverains et les associations, cet incendie met en lumière « un environnement industriel accidentogène et source de pollutions diverses », notamment avec le chantier Solena-Kerea et la future décharge géante prévue dans la région. « Qui s’en préoccupe ? », interrogent-ils avec amertume.
La catastrophe de Viviez soulève ainsi de nombreuses questions sur la gestion des risques industriels et la protection des populations. Le suivi sanitaire et environnemental demandé par les riverains et associations sera-t-il mis en place ? Les responsabilités seront-elles clairement établies ? Autant de questions qui restent en suspens.