Joseph Galzin naît en août 1897, deuxième garçon d’Élisa et Émile Galzin, propriétaires au Terral d’un magasin agricole et du café de la Jeune France. Issu d’une famille profondément catholique de six enfants, il compte parmi ses frères et sœurs deux religieuses à la congrégation Saint-Joseph d’Estaing et un prêtre, curé à Labastide-Pradines. Brillant collégien, Joseph s’oriente vers le commerce international et maîtrise couramment l’anglais.
Démobilisé à la fin de la Première Guerre mondiale, il décide de s’expatrier pour travailler outre-mer dans un comptoir commercial en Afrique centrale. Une aventure peu commune pour un Saint-Romain, qui, tout au long de son séjour, entretient une correspondance suivie avec ses parents. Son périple commence le 5 septembre 1919, lorsqu’il embarque à Marseille sur le paquebot Europe des Chargeurs Réunis, à destination du Nigeria, sur le golfe de Guinée, sur la côte africaine. Annoncée pour une durée de 35 jours, la traversée s’étire sur deux mois. « La faute à qui ? Aux grévistes », mentionne-t-il dans l’une de ses lettres, où il détaille les nombreuses escales : Dakar, Conakry, Sassandra, Cotonou. Il séjourne une semaine à cette dernière escale, en raison d’une épidémie de grippe espagnole, avant d’atteindre sa destination finale, Lagos.

Dans cette ville portuaire, autrefois centre du commerce des esclaves fondé par les Portugais, Joseph travaille pour les Britanniques, qui y ont établi une colonie en 1861 et placé le pays sous leur protectorat. Il découvre un environnement cosmopolite : « Une population venue de tous horizons : Syriens, Arabes, Européens… Dans ce centre commercial, les transactions se chiffrent en centaines de kilos, voire en tonnes. On y négocie du cacao, de l’huile de palme, des arachides… Les quais sont animés par une noria de gros bateaux en partance pour l’Europe. »
Ses journées de travail sont souvent concentrées sur les matinées, et il effectue de nombreux déplacements dans les plantations. Chaque semaine, il savoure un moment particulier : l’arrivée du courrier, véritable lien avec ses proches restés en France.
À son retour en métropole, Joseph rejoint son frère Louis et sa famille, viticulteurs dans l’Hérault. Profondément catholique et pratiquant, il participe chaque année au pèlerinage départemental de Lourdes, où il sert de brancardier au service des malades. Il s’éteint en janvier 1968.
