Ce label, porté localement par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Aveyron en partenariat avec la Communauté de communes Millau Grands Causses est étendu à tout le département depuis janvier 2024. Il valorise l’engagement des entreprises artisanales dans la transition écologique.
Cette distinction récompense les artisans ayant mis en place des actions concrètes pour réduire leurs déchets : optimisation des achats, mutualisation du matériel, revente des invendus…
Outre les comportements vertueux pour l’environnement, participer à cette démarche permet un gain économique, mais aussi une meilleure attractivité auprès des clients sensibles aux enjeux écologiques. De plus, il contribue à la réduction des coûts de gestion des déchets sur le territoire.
Pour obtenir ce label, chaque entreprise doit relever au moins trois défis écoresponsables avec l’accompagnement et le suivi gratuit d’un conseiller de la CMA, avant que son dossier ne soit examiné par un jury. Une fois labellisées, elles bénéficient d’un kit de communication pour valoriser leur engagement auprès de leur clientèle.
Huit entreprises récompensées
Huit entreprises du Sud-Aveyron ont brillamment relevé ces défis et reçu le label : Au Joyeux Tuyau, AB Cycles, AB Énergies, Lappara Maroquinerie, Lumette, la Biscuiterie des Grands Causses, Natur’Orient et Lou Tressaïre. Certaines avaient pu se déplacer pour la remise des labels.
Marion Arcurie (Lappara Maroquinerie), Millau
« Je crée des articles de maroquinerie haut de gamme entièrement faits à la main avec les techniques sellières qui offrent des coutures très solides et durables et donc des produits facilement réparables. Je réutilise les chutes de cuir pour des produits plus petits, pour faire travailler les stagiaires et quand elles deviennent trop petites, je les expédie contre le paiement des frais de port à des personnes qui font du bijou en cuir. J’ai très peu de chutes, je réutilise au maximum les emballages et je travaille à flux tendu pour limiter les quantités de matière première. Je communique plus sur les réseaux qu’en papier ». Prochaine échéance pour Marion Arcurie, devenir « Répar’Acteur ».
Charles Courtieu (Lou Tressaïre) est artisan Vanier sur ossature depuis une dizaine d’années et travaille avec des rejets de châtaigniers en Lozère coupés sous des lignes haute tension et l’osier récupéré en collaboration avec la Ville de Millau sur les bords du Tarn après la taille des services. Il n’achète pas de matière première et évite ainsi de faire venir de l’osier pour la plupart de Chine et limite son impact sur l’environnement. « Je forme et incite les gens à récolter la matière première en bas de chez eux. »
Henri Bocquillon Liger – Belair (Au Joyeux Tuyau), plombier chauffagiste à Flavin
« Mon principe c’est le bon sens paysan, outre le tri des déchets, j’ai une poubelle laiton, acier… Je recycle beaucoup, je réutilise les cartons avant de les jeter, je lave les chiffons, et je valorise au maximum tout ce que je peux réutiliser, chutes de tuyau pour les petits dépannages, broyeur à végétaux disponible à la location et recyclage du métal. »
Laurent Molinier (AB Énergies), plombier chauffagiste à Sévérac d’Aveyron
« Déjà dans la démarche écodéfi depuis une dizaine d’années, l’entreprise possède deux véhicules électriques, elle déploie des installations d’énergie renouvelable, a mis en place des bennes pour un tri sur site, récupère les vieux matériels pour dépanner avec des pièces d’occasion et faire durer le vieux matériel et pour la pause des équipes, le café en grain a remplacé les dosettes café ! »
Fatima Laborie (Natur’Orient), institut de beauté, Millau
« J’utilise des produits locaux et du Maroc, naturels et bio, les contenants du maquillage sont en bambou recyclable et sont rechargeables. Pour l’épilation pas besoin de bandes, tout se fait à la cire orientale et au fil pour le visage. Un QR code est disponible pour présenter les prestations, des choses simples, mais efficaces ! »
Biscuiterie des Grands Causses à Saint-Affrique
Depuis un an, Carole Gourdier met un point d’honneur à ne produire que du bio salé et sucré. Tant que c’est possible et pour une large majorité de produits, elle travaille en local avec des producteurs. « Je devais être en phase avec mes valeurs de respect de l’environnement et de mise en avant des richesses de l’Aveyron. Je livre avec des caisses réutilisables, les emballages sont recyclables, les déchets sont triés, les cuissons maîtrisées pour limiter la consommation d’énergie et les stocks scrupuleusement gérés pour éviter le gaspillage. »
Aller encore plus loin
Pierre Azémar, le président de la CMAA 12, avoue vouloir « aller encore plus loin dans ce label pour pouvoir parler d’entreprises vertueuses pour être pleinement dans le positif » et souligne l’humilité des artisans « on a l’impression que ces actions sont simples et accessibles à tous, mais elles incarnent l’ADN même de l’artisanat. Avant de parler de déchets, il s’agit d’abord d’achats responsables, de modes de fabrication et de commercialisation réfléchis. »
« C’est remarquable, merci de le faire, a ajouté Emmanuelle Gazel rappelant que, ces actions et ce bon sens déployés étaient aussi bons pour le porte monnaie des entreprises, mais aussi pour réduire les déchets des collectivités et donc leur cout de traitement ». La présidente de la Communauté de communes a insisté sur une démarche sans fin : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut tout le temps s’améliorer sur ce dispositif de limiter la dépense des ressources naturelles qui sont de plus en plus précieuses, cela pour l’intérêt général et chacun dans vos activités ».