L’étiquetage nutritionnel du Nutri-Score et son système de notation des aliments, depuis son lancement en France en 2017, est loin d’emporter l’adhésion et ne cesse de provoquer des contestations. Les producteurs et les filières de qualité de produits traditionnels, tels que les fromages au lait cru et la charcuterie, en dénoncent les critères. En Aveyron, la filière Roquefort a été la première à dénoncer les incohérences du Nutri-Score dont l’algorithme est défavorable au fromage et à sa recette ancestrale.
Au lendemain du Salon de l’Agriculture et du Concours Général Agricole, en cette année anniversaire des 100 ans de l’Appellation d’Origine Protégée Roquefort – la plus ancienne de France – le sujet est d’actualité. Alors que le 28 février, un vote de la Commission Européenne a validé le retrait du Nutri-Score obligatoire qu’elle envisageait de généraliser depuis 2020 à l’échelle européenne, lors de la séance de Questions d’Actualités au Gouvernement ce mercredi 5 mars 2025, le sénateur Jean-Claude Anglars a interrogé la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sur la position de la France et l’avenir de l’étiquetage nutritionnel en France.
La ministre Annie Genevard a reconnu les problèmes de classement et notation du Nutri-Score pour les filières de produits traditionnels et salaisons, regrettant que la révision de l’algorithme en 2023 n’ait pas corrigé les effets de bord et les ait aggravés pour certains, comme pour le lait qui est depuis classé boisson et mal noté. Consciente d’un système imparfait, elle a indiqué que le décret ministériel portant sur de nouvelles règles de calcul, visiblement sujettes à controverse, est proposé à sa signature, mais qu’elle est très attentive aux marges de manœuvre permettant de le faire évoluer…
Le sénateur Anglars, favorable à une reprise du dossier, plaide en effet pour construire un Nutri-Score qui contribue au rapport de confiance entre les consommateurs et les producteurs, notamment en tenant compte de notions essentielles dans la notation des aliments telles que l’équilibre alimentaire, les qualités nutritionnelles et les bienfaits pour le système immunitaire… autant de critères que n’aborde pas l’algorithme du Nutri-Score et qui doivent être considérés. C’est le message que le sénateur porte auprès du ministère.