Dès l’entame, on a senti que Rodez était venu pour faire mal. Très vite installés dans le camp adverse, les Aveyronnais prenaient les devants grâce à la botte de Miquel (3e). Puis venait cette action d’école à la 6e : touche volée par Schramm, saut de Vaffier, course de Christophe, relais millimétrés avec Bec, Bel, et enfin Miquel stoppé à dix mètres. Dans la foulée, Vaffier envoyait une diagonale de rêve pour Hazin-Rivera, qui ajustait pour Moulin… essai imparable. Ou plutôt, il aurait dû l’être, sans l’intervention plus que contestable de l’arbitre, qui jugeait Hazin-Rivera parti devant. Cruel, et franchement sévère.
Larressore, piqué, répliquait par son ouvreur Domerc (10e), dans un style toujours aussi vivant, tout en mouvement. L’arbitre, plutôt pointilleux ce dimanche, sanctionnait tour à tour Riazzuello (carton blanc, 13e) puis Hazin-Rivera (carton jaune, 18e), laissant Rodez à 13. Mais c’est dans l’adversité que ce groupe montre ses tripes. Miquel, du milieu de terrain, plantait un coup de canon entre les perches (23e), avant d’en remettre une couche (29e) pour faire grimper l’addition : 9-3.
Le moment fort ruthénois, c’était maintenant. Emmenés par des avants conquérants, les Sang et Or pilonnaient les 22m basques. Delcayre s’arrachait pour inscrire un essai rageur sous les poteaux (32e), transformé par Miquel : 16-3. Domerc réduisait l’écart (37e), mais Rodez, dans la foulée, claquait un deuxième essai splendide. Touche, percée d’Iboughdacene, relais de Fiat, percussion de Stoïan, regroupement, et Venter, tout en malice, feintait la passe pour marquer en coin. Avec la transformation, la mi-temps était sifflée sur un solide 23-6.
Et pourtant, ce n’était pas fini.
Au retour des vestiaires, Larressore montrait qu’il n’était pas venu faire de la figuration. Solides en défense, ils multipliaient les offensives. À la 60e, ils frôlaient l’essai après un en-avant à cinq mètres. Puis, sur un contre dans les cinq mètres ruthénois, l’arrière Blanchet allait à dame en bout de ligne (63e), relançant le suspense (23-13).
Il restait vingt minutes. Vingt longues minutes de tension, de résistance. Rodez pliait, jamais ne rompait. Même réduit une nouvelle fois numériquement après un carton blanc pour Moulin (73e), la muraille aveyronnaise tenait. Et quand Vaffier claquait un superbe 50-22, on croyait les dernières minutes maîtrisées. Erreur.
Les arrêts de jeu furent interminables. À la 83e, Larressore revenait dans les 22 ruthénois sur pénalité. Pression maximale. Sur la ligne, Christophe interceptait et trouvait la touche. Soulagement ? Non. L’arbitre ordonnait une nouvelle touche aux 10m. Une dernière munition, finalement annihilée par un contre de Moulin. Riols dégageait. Et l’arbitre libérait enfin tout un peuple.
Rodez est en quart
Au-delà du score, c’est l’intensité, l’engagement et la solidarité qui ont marqué les esprits. Trois cartons encaissés, un essai refusé, mais jamais ce groupe n’a douté. Solide mentalement, généreux dans l’effort, Rodez a su répondre présent au rendez-vous des grands.
Mention spéciale aux Basques de Larressore, vaillants jusqu’au bout, fidèles à leur réputation de joueurs généreux et spectaculaires. Et que dire de la photo finale, symbole des valeurs de ce sport, saluée par Henry Broncan lui-même, présent en tribunes. Une image forte, dans un stade de Mirande à la hauteur de l’événement.
Un grand merci au club de l’EAB XV pour son accueil parfait. Et bon vent à Larressore en Fédérale 2. Quant à Rodez, cap sur les quarts avec le cœur et l’envie. Et ce parfum si particulier… celui des phases finales. Ce sera le dimanche 15 juin à 15h contre l’US Caussadaise.