Alors que se tenait la conférence « Ambition France Transports » à Paris, Carole Delga a choisi de s’exprimer à Montpellier pour adresser un message clair : le réseau ferroviaire français est en danger, et l’État ne peut plus faire l’économie d’un engagement fort. Aux côtés de ses vice-présidents Jean-Luc Gibelin, Vincent Garel et Benjamin Assié, la présidente de la Région Occitanie a dénoncé un « décrochage inacceptable du réseau », en écho aux propos du président de la SNCF Jean-Pierre Farandou. Ce dernier alertait récemment sur le risque de fracture territoriale en cas de poursuite du sous-investissement chronique.
30 000 kilomètres de voies ferrées composent le réseau français, dont une grande part date de plusieurs décennies. Avec une moyenne d’âge dépassant les 30 ans, ces infrastructures sont parmi les plus vétustes d’Europe. Près de 4 000 km de petites lignes pourraient disparaître d’ici 2032, mettant en péril l’accès au train pour des millions de citoyens. Rien qu’en Occitanie, près de 1 000 km de lignes secondaires sont menacés, notamment celles reliant des bassins de vie ruraux et des villes moyennes.
Un plan régional offensif face à un État jugé défaillant
Depuis 2008, la Région Occitanie a pris le relais d’un État qui s’est progressivement désengagé de l’entretien du réseau ferré. Pour ne pas abandonner ses territoires, la Région a investi près de 900 millions d’euros, dont 700 millions pour les seules lignes secondaires. Mais ce modèle atteint aujourd’hui ses limites, alors même que les dotations de l’État diminuent et que les péages ferroviaires explosent.
« Nous avons pris nos responsabilités, mais nous ne pouvons pas assumer seuls l’entretien du réseau national », a expliqué Carole Delga. Elle appelle à un véritable plan national de sauvetage, chiffré à 5,5 milliards d’euros par an, qui serait financé via les quotas carbone, la révision des concessions autoroutières et une écotaxe sur le transit routier international. Ces fonds permettraient d’alimenter durablement l’Agence de financement des infrastructures de transport (AFIT-F), garantissant ainsi la pérennité du réseau.

Pour la présidente de Région, il est impératif que « l’État assume à nouveau l’entretien de son patrimoine ferroviaire ». Carole Delga insiste : « Le rail est un bien commun, il est au cœur de la transition écologique et de l’égalité entre les territoires. »
Une mobilisation citoyenne pour défendre chaque kilomètre de rail
Au-delà des propositions institutionnelles, la Région lance également une mobilisation citoyenne d’ampleur. Elle appelle les usagers, élus, syndicats, associations et acteurs économiques à se rassembler pour défendre les lignes de proximité. Une pétition en ligne a été mise en place afin de sensibiliser l’opinion et de peser sur les choix de l’État. Elle est accessible à l’adresse suivante : www.laregion.fr/petitiontrain.
Dans cette logique, une tournée régionale d’information et de mobilisation est prévue tout au long de l’été. Les élus régionaux iront à la rencontre des citoyens sur le terrain pour expliquer les enjeux, recueillir les soutiens et amplifier la dynamique collective.
Parallèlement, l’Occitanie poursuit sa politique tarifaire volontariste. Billets à 1 € les week-ends, gratuité pour les jeunes après 10 trajets mensuels, abonnements solidaires pour les seniors : la Région fait figure d’exemple en France en matière de tarifs accessibles. Cette volonté se traduit également par des investissements massifs dans le matériel roulant, avec 18 nouvelles rames électriques attendues d’ici 2027, et la rénovation de plus de 80 trains.
Le 22 juin prochain, la réouverture de la ligne Montréjeau–Luchon, fermée depuis 2014, symbolisera cette dynamique. Il s’agira de la première ligne intégralement gérée par une Région, preuve qu’un autre modèle est possible.
« Nous n’avons pas le droit de laisser tomber nos trains, ni les territoires qu’ils desservent. Ce combat, c’est celui de la cohésion, de la justice sociale et du climat », conclut Carole Delga. Face à l’urgence, elle appelle à une mobilisation collective, convaincue que c’est par la pression citoyenne que le gouvernement prendra enfin la mesure du défi.