À 22 heures précises, sous les ordres du colonel Benjamin Brunet, chef de corps du régiment, la cérémonie débute, en présence du général Cyrille Youchtchenko, le « père Légion », commandant de la Légion étrangère (COMLE). Le silence de la nuit contraste avec la rigueur du cérémonial militaire. Revue des troupes, honneurs au drapeau, tout est pensé pour rappeler que l’histoire militaire française n’est pas une suite d’exploits isolés, mais une chaîne de transmission entre générations de soldats.

« Bir Hakeim n’est pas seulement un fait d’armes, c’est un socle doctrinal, un repère éthique », rappellera plus tard la ministre Mirallès dans son allocution. En juin 1942, dans le désert libyen, 3 700 hommes – majoritairement des légionnaires – ont résisté pendant seize jours aux assauts des forces germano-italiennes. Leur repli maîtrisé, sous le feu, permit de préserver l’honneur militaire français et de renforcer la crédibilité de la France Libre. Un épisode dont les enseignements – discipline du feu, tenue du terrain, mobilité – sont encore aujourd’hui enseignés à l’École de guerre.
Des décorations pour des parcours exemplaires
Point d’orgue de la soirée : la remise de décorations à plusieurs légionnaires dont les parcours incarnent l’engagement et le sacrifice.
Le major Karoly (médaille militaire) totalise 32 ans de services au titre de la Légion étrangère. Il a fait campagne au Qatar, à Djibouti, au Kosovo, en Guyane française, en Côte d’ivoire, au Liban, au Tchad, et a participé à plusieurs reprises à l’opération Sentinelle. Félicité et honoré pour la qualité de ses services, il occupe actuellement la fonction d’adjudant d’unité au sein de la compagnie de commandement et de logistique de la 13e DBLE.
Le sergent-chef Peterson (médaille militaire) totalise 16 ans de services au titre de la Légion étrangère. Il a fait campagne en Afghanistan, au Sénégal, aux Emirats Arabes Unis, au Mali, en Centrafrique, en Estonie, et a participé à plusieurs reprises à l’opération Sentinelle. Titulaire de deux citations avec attribution de la croix de la valeur militaire, il occupe actuellement la fonction de sous-officier adjoint de la formation technique de spécialité au sein de la 13e DBLE.

L’adjudant au tableau d’avancement Lasha (médaille des blessés de guerre) totalise 17 ans de services au titre de la Légion étrangère. Il a fait campagne au Gabon, à Djibouti, en Côte d’Ivoire, aux Emirats Arabes Unis, au Sénégal, en Centrafrique, en Ouzbékistan, en Irak, au Mali où le 14 avril 2018, au cours d’une attaque complexe sur la plateforme désert relai de Tombouctou lors de sa participation à l’opération Barkhane, a été violemment projeté de sa position défensive suite à l’explosion d’une roquette. Il a aussi participé à plusieurs reprises à l’opération Sentinelle. Titulaire de la médaille militaire et de deux citations avec attribution de la croix de la valeur militaire, il occupe actuellement la fonction de chef de section tireur d’élite longue distance au sein de la 13e DBLE.
Le sergent-chef Maxence (médaille des blessés de guerre) totalise 15 ans de services. Il a fait campagne au Mali, en Centrafrique, en Afghanistan où il s’est particulièrement distingué le 23 juin 2012 comme tireur de précision au sein du groupement tactique interarmes de Kapisa, dans le cadre de l’opération Pamir. Au cours d’une action civilo-militaire au profit de la clinique de Tagab, il a été pris à partie par des insurgés au niveau du centre de la police du district. Il a appliqué des feux précis et efficaces sur un groupe ennemi, permettant l’appui de désengagement de sa section. Titulaire d’une citation avec attribution de la croix de la valeur militaire, il occupe actuellement la fonction de maître de tir infanterie au sein de la 13e DBLE.
Moment à la fois touchant et symbolique, un Berger Malinois nommé Terio a été décoré de la Médaille de la protection militaire du territoire. L’équipier Terio est un Berger Malinois de l’armée Française en service au sein de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère depuis février 2022. Entraîné pour détecter des engins explosifs, sécuriser et neutraliser toute menace au sein des emprises militaires, il a passé avec succès ses contrôles opérationnels et maîtrise parfaitement les protocoles de la section d’Aide à l’Engagement Débarqué. Courageux et intelligent, il sera projeté en Guyane française en septembre 2025.

Naturalisation : un engagement scellé par la République
Avant la cérémonie, à 20h, la ministre Patricia Mirallès avait procédé à la remise de décrets de naturalisation à plusieurs légionnaires étrangers, devenus français par le sang versé et l’engagement contracté. Une reconnaissance solennelle, « non pas administrative, mais profondément républicaine », comme l’a souligné la ministre : « Quand un homme venu d’ailleurs choisit la France pour y risquer sa vie, c’est à la Nation de lui ouvrir les bras en retour. »
Ce geste de naturalisation militaire renforce le lien de confiance entre l’armée et la société, et rappelle le rôle central de la Légion dans la défense des intérêts français à travers le monde.


Un jumelage interarmes pour renforcer les synergies
Autre moment fort de la soirée : l’officialisation du jumelage entre la 13e DBLE et le bataillon de fusiliers marins Detroyat (BFM Detroyat). Ce rapprochement interarmes s’inscrit dans une logique de coopération accrue entre les différentes composantes des forces armées françaises.
Le colonel Brunet l’a résumé ainsi : « Qu’ils soient terrestres ou navals, nos engagements sont complémentaires. Dans les théâtres modernes, la cohésion et la réactivité sont les clefs de l’efficacité. »
Ce jumelage, fruit d’une convergence opérationnelle et d’une volonté politique, vise à favoriser les échanges, les entraînements conjoints et l’interopérabilité entre unités.

Mémoire, cohésion, transmission
La cérémonie s’est conclue par l’appel des 98 compagnons de la Libération de la 13e DBLE et du BFM Detroyat, suivi des honneurs aux morts. Dans la nuit caussenarde, le défilé des troupes a refermé le rideau sur une cérémonie à haute densité symbolique.

Mais la transmission ne s’arrête pas là. Samedi 14 et dimanche 15 juin, le régiment ouvre ses portes au public pour des journées d’immersion : démonstrations tactiques, présentations de matériel, échanges avec les légionnaires. Une occasion rare de découvrir le quotidien d’un corps d’élite et de renforcer le lien armée-nation, notamment auprès des jeunes.
La cérémonie de Bir Hakeim, à la fois hommage et projection, a rappelé que l’héritage militaire français ne vit que s’il est nourri d’engagements actuels. À La Cavalerie, entre la mémoire des anciens et l’action des légionnaires d’aujourd’hui, c’est toute la continuité du service de la France qui a été saluée.
















