Les phases finales, c’est un autre rugby. Un rugby d’hommes, de caractère, de sueur, de cœurs qui battent à l’unisson. Et ce quart de finale entre Rodez Rugby et l’US Caussade, sur la pelouse de Carmaux baignée de soleil et d’embruns de ferveur populaire, en fut une nouvelle démonstration éclatante.
Ils étaient venus nombreux, les supporters aveyronnais – un millier, peut-être plus – à garnir les tribunes et à forcer les officiels à retarder le coup d’envoi de vingt bonnes minutes. Un vent chaud soufflait dans les travées, mais sur le terrain, c’est un autre genre de tempête qui attendait les hommes de Vayssettes : celle d’une équipe de Caussade sans complexe, gonflée par une montée en puissance admirable depuis plusieurs mois.
Le choc des ambitions
D’entrée, une imprécision ruthénoise et voilà les Tarn-et-Garonnais installés dans les 22 mètres. Mais Rodez ne cède pas, malgré une domination territoriale de l’USC concrétisée par trois pénalités bien tapées par Chauderon (3-9 à la 26e). Un avertissement sans frais ? Pas vraiment. Juste de quoi réveiller la fierté ruthénoise.
Sur leur première véritable incursion, les Sang et Or font mouche. Une mêlée à cinq mètres, Lallour au relais, puis Bel en percussion : trois défenseurs balayés comme des fétus de paille et essai sous les poteaux (33e). Avec la transformation de Miquel, Rodez repasse devant (10-9). Et le match bascule.
Un carton rouge pour rallumer la flamme
Mais à la 39e, coup de théâtre : Venter, pour un raffut mal maîtrisé, se voit adresser un carton rouge. Un geste certes maladroit, le coude trop haut, mais sans violence manifeste. Le genre de sanction qui peut faire chavirer un collectif. Pas celui de Rodez.
Mieux encore : piqués au vif, les Ruthénois font bloc. Miquel rajoute trois points avant la pause (45e), puis deux pénalités au retour des vestiaires (42e, 47e) pour creuser l’écart (19-9). Une gestion parfaite malgré l’infériorité numérique.
Caussade n’abdique pas, et sur une fulgurance de Palot, stoppé in extremis à un mètre de la ligne, Cavaillé hérite du ballon et marque en coin (52e). Chauderon transforme : 19-16. Le suspense est total.
Un esprit d’équipe en acier trempé
Puis viennent les minutes chaudes, les vrais tests. Rodez est réduit à 12 contre 14 après deux cartons blancs (60e, 62e). On retient son souffle. Mais voilà que surgit le génie collectif : sur un coup de pied millimétré de Vaffier, Christophe grille tout le monde. Il est fauché irrégulièrement par Cavaillé. Essai de pénalité, carton jaune : Rodez respire (26-16, 67e).
Miquel, d’une précision chirurgicale, ajoute trois nouveaux points à la 77e. Le score est fait. 29-16. L’explosion de joie est immédiate, totale, sincère. Le peuple sang et or exulte. Les joueurs, bras levés, peuvent communier avec leurs supporters. Et savourer.

Un Everest nommé Sablais en demi-finale
Place désormais au dernier carré. Ce sera face au R.C Sablais, premier au classement national, tombeur du Stade Bordelais (10-6). D’après le Midi Olympique, c’est un défi physique de très haute intensité qui attend Rodez. Mais qu’importe l’adversaire, quand on a le cœur, le collectif, et cette abnégation chevillée au corps. Ce groupe ruthénois, uni et valeureux, a prouvé qu’il avait l’étoffe des grandes équipes.
Rendez-vous dimanche. Pour écrire, peut-être, une nouvelle page d’histoire.