Jeudi 3 juillet, tandis qu’Emmanuel Macron célébrait les 100 ans de l’AOP Roquefort, quelques dizaines de manifestants se sont réunis sur le rond-point de Lauras pour dénoncer « l’hypocrisie » du chef de l’État.
Lors de la visite présidentielle à Roquefort-sur-Soulzon ce jeudi 3 juillet, alors qu’Emmanuel Macron venait saluer le centenaire de l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) Roquefort, quelques représentants de la Confédération Paysanne, accompagnés de militants écologistes et de soutiens politiques de gauche, s’étaient donné rendez-vous à l’entrée de la commune, sur le rond-point de Lauras, pour faire entendre un autre son de cloche.
Armés de banderoles et de tambours, les manifestants ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une contradiction flagrante : la célébration d’un modèle agricole traditionnel et exigeant, menacé selon eux par la toute récente adoption de la loi Duplomb au Parlement. « L’hypocrisie du président est totale : il encense Roquefort d’un côté, et détricote les fondements de son AOP de l’autre », fustigeait un porte-parole de la Confédération Paysanne.
Une loi qui inquiète les petits producteurs
Adoptée au Sénat mercredi 2 juillet, la loi Duplomb, portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste), se donne pour objectif de « simplifier la vie des agriculteurs ». Mais ses détracteurs, notamment la Confédération Paysanne, y voient une menace directe pour les modèles agricoles respectueux de l’environnement et des savoir-faire locaux.
« Cette loi ne protège pas les paysans, elle sert l’agrobusiness », dénonçait Christian Roqueirol, figure locale du syndicat, déjà mobilisé à Millau le 10 juin dernier. Parmi les points les plus critiqués : la réintroduction possible de certains pesticides comme l’acétamipride, les facilités accordées à la construction de mégabassines, et l’encouragement implicite à l’agrandissement des exploitations au détriment des petites fermes.
Roquefort, emblème en péril
Pour les manifestants, ce texte met en danger les conditions strictes qui fondent l’AOP Roquefort depuis un siècle : élevage au pâturage, alimentation sans OGM, transformation locale du lait cru de brebis. « Cette appellation, c’est l’anti-agrobusiness par excellence, rappelle un producteur local. Ce que propose la loi Duplomb, c’est précisément le modèle inverse : moins de régulation, plus d’industrialisation. »
Derrière les slogans et les tambours, c’est donc une vision de l’agriculture qui s’est exprimée ce jeudi à Roquefort : celle d’un modèle paysan, enraciné dans les territoires, respectueux de l’environnement, et soucieux de la qualité plus que de la quantité.
Pendant ce temps, Emmanuel Macron poursuivait sa visite dans les caves du roi des fromages, sans croiser directement les manifestants. Une manière, peut-être, d’éviter le dialogue avec un monde agricole en colère — mais plus que jamais déterminé à se faire entendre.
